Vigie, septembre 2022

 

Crépuscule du soir

 

 

Dans la pénombre le grand chien blanc ne voit pas le petit chat noir qui le considère avec inquiétude. Des rosés luisent dans le pré, que je ne ramasse pas parce qu’il est vraiment tard. De jeunes chevreuils traversent le grand champ à toute allure. L’aboiement éperdu de Rimski se répercute contre la colline d’en face, puis le silence s’approfondit. Un foulard de nuages est accroché autour du Grand Arc, gris sur gris, et qui va grisonnant. Rimski dans la forêt est ma lampe, mon chien d’aveugle assez peu fiable, qui me guide vers où ? Un oiseau de nuit fonce comme un fou entre les arbres, un autre s’envole d’un châtaignier en faisant claquer ses ailes.

À mesure que la nuit tombe j’ai de plus en plus de mal à parler. Le moindre mot dans ces moments semble funèbre. Je pense à ma mère qui s’apprête à mourir dans mon prochain rêve. Je pense à la grande tuerie en cours en Ukraine. Puis je m’assois en lisière en haut du champ et je regarde le ciel noircir sans plus penser.

Assis devant le gîte, un homme parle devant l’écran de son Smartphone dans une langue de l’est qui est peut-être du roumain ; l’image éclairée dans le noir reste imprimée dans ma rétine.  

 

07/09/22

 

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