Vigie, janvier 2013

 

PLAY TIME

Une foule nombreuse se presse sur le parvis de ce grand restaurant qui affiche six étoiles (mazette !) mais où on nous reçoit mal. Cela ressemble à un film burlesque. Je m’assois, mais ce n’est jamais la bonne place. On me chasse. Je peste contre ce banquet de mariage où je ne connais personne, me raccroche à la présence d’Alain qui parle de Nicolas Bouvier — mais ses paroles sont déconcertantes, car ce qu’il met sous la plume de Bouvier me semble tout droit tiré du Temps retrouvé, ce que je n’ose lui faire remarquer. Je dois une nouvelle fois changer de place. La table, cette fois, m’arrive au niveau du cou : deux tables ont été empilées, qu’on soulève et qui se brisent. Les serveurs protestent, tout cela va finir en Play time… Me voici obligé de l’asseoir à côté d’une vieille femme peu avenante qui, sous un prétexte futile et dans un geste prodigieusement méprisant, m’intime l’ordre de m’en aller. Je suis tenté de la souffleter, ou de lui renverser mon verre d’eau sur la tête. Je me contiens et lui déclare : « Mais j’ai parfaitement compris que c’est un cauchemar ! Quand une situation est totalement perdue, il ne faut pas insister. Je pars. Je quitte ce cauchemar ! » Je me dirige en effet vers la porte de sortie, que j’ouvre théâtralement. Et je me réveille aussitôt.


21 janvier 2013

 

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