Route, janvier 2013

 

 

 

AUBE GRISE SUR LA ROUTE

 

Aube grise. De nouveau sur la route. Taches orangées des lampadaires sur la neige. Le clocher du village ne perce pas la brume. Ici la neige a tenu bon. Pas de bêtes, pas de traces. Les ornières dans la boue gelée. Le bref éclat des cristaux de glace. On passe à travers le givre et l’aube grise.

Quelques lueurs. Un panache de fumée tremblant au-dessus des demeures. Une voiture arrêtée, avec à son bord un vieil homme qui attend. Un garçon qui attend le bus du collège. Une enfilade de jeunes hêtres nus qu’éclairent à peine les phares et l’aube. Une chatte tricolore qui traverse. Une chapelle très étrangement décorée d’une guirlande rouge clignotante.

Choses vues, effleurées du regard, de la parole, à peine. Choses au moins prises en considération. Images entrevues, tenues, ténues, serrées. Images-sensations. Sensation d’un froid que le chauffage de la voiture ne réchauffe pas du tout. Sensation de descente et de grand pré nu. Sensation de village en hiver. Sensation de châtaignier éclairé par la lune blanche d’un unique réverbère.

Attentif aux virages, au brouillard, aux montées, aux descentes, aux variations de lumière. Attentif aux lumières. L’aube à présent éclaire bien. On ne voit pas le soleil, peut-être d’ailleurs ne le verra-t-on pas aujourd’hui, mais c’est toute ce ciel couvert qui s’est allumé de l’intérieur. Ainsi aussi naguère, sur les rives atlantiques de tel port breton.

Ces trajets quotidiens, des bribes de voyage. Cette parole quotidienne, des bribes de parole entrecoupées de longues plages de silence où l’on entend seulement le moteur ou la toux.

Puis un bruit de portière.

 

8 janvier 2013

 

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