LA ROUTE AVANT LA NEIGE
Ciel gris très menaçants, premiers flocons pour l’instant si fins. On hume cet air glacé. On attend la neige. D’une certaine manière on attend toujours la neige. Pour ce qu’elle apporte de bouleversement, de transformation, de métamorphose même. La colline en face est auréolée d’un blanc électrique avec, au-dessus d’elle, à perte de vue, une masse de nuages très sombres. Là-haut il neige sans doute.
Je traverse les champs fraîchement retournés, ces mottes de bonne terre noire, pas encore brûlée par les engrais chimiques. Les labours demeurent légers, de simples traits.
Je traverse le village qui déjà semble courber l’échine sous le froid, comme un chat rétif sous la caresse d’un maître avec lequel il tient à garder une certaine distance, dans l’attente de la neige.
Plus haut je roule dans la neige fraîche, pour le plaisir. La voiture fait un bruit de hors-bord.
14 janvier 2013
