Route, janvier 2013

 

  

SUR LA ROUTE ENNEIGÉE

 

L’averse est venue plus tôt que prévue. On s’apprête à remonter prudemment sur la route de plus en plus enneigée. 

Remontant aussi en file indienne le long de la route, serrés et hilares sous leurs parapluies de couleurs, les lycéens regardent les flocons minuscules, cotillons de fête jetés à la volée sur le parvis de leur adolescence.

Belle averse, qui prend de l’ampleur. Blanc partout, une fois encore. Spectacle un peu inquiétant, comme d’une tempête en haute mer. On craint la glissade. On craint l’accident. On n’y croit pas pourtant, on roule en devisant, en parlant tout seul, en s’adressant aux flocons. Salut, flocons, salut la neige, salut l’hiver ! 

Déjà je m’imagine attablé au bureau sous les combles, à lire, à écrire, à regarder tomber la neige. Presque un idéal de vie. Écrire pendant une averse de neige. Écrire avec l’averse de neige, noir sur blanc, blanc sur noir, et de bas en haut. Plaisir égoïste qui fait fi des glissades et des morts ensevelis sous ce beau linceul.

Crissement de l’essuie-glace. Trois chevaux, inquiets ou résignés sous leur harnachement de neige fraîche, me regardent passer.  

 

16 janvier 2013

 

Ce contenu a été publié dans 2013. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.