FENÊTRE OUVERTE
Fenêtre ouverte ce matin, fenêtre ouverte après la pluie.
Le bruit du torrent, l’odeur du torrent.
Le ruissellement d’une fontaine, le piaillement des moineaux.
Une odeur d’essence, à cause d’une voiture qui a fait demi-tour à l’instant.
Les trilles virtuoses d’une fauvette.
L’odeur du fumier qui stagne devant l’étable.
Un torrent encore, et un autre plus loin.
Les troncs coupés, je les vois mais je ne les sens pas : il faudrait s’arrêter, se pencher.
L’odeur d’essence des voitures croisées.
L’odeur de goudron frais à l’endroit où la route a été refaite.
Le ruisseau traversé, on l’entend bien et on sent aussi, mêlée à la forte odeur de l’ail des ours, l’odeur de l’eau – moins forte cependant que celle du pain et des croissants à l’approche de la boulangerie.
Passé le petit pont, encore l’odeur de l’ail.
Béni soit ce feu rouge des travaux, qui permet de respirer à pleins poumons le parfum de la terre !
Quand on passe devant le ranch voici, bien sûr, l’odeur du crottin.
Ah ! L’odeur des hautes herbes, l’odeur de l’été.
L’odeur aigre du bois coupé là-devant la scierie.
Puis l’odeur du gasoil signe la fin de la route, et l’on referme la fenêtre.
7 mai 2015