Vigie, juillet 2015

SILENCE, ÉCOUTE

Silence, écoute

comme le monde se passe bien

de ta voix.

Silence, écoute

comme ça grésille, comme ça grillonne

comme sa froisse son papier.

C’est un soir de juillet limpide et ordinaire

dans un hameau de montagne

qui clôt une journée ardente. On entend

des rires au loin des gens qui fêtent un anniversaire et puis

les clarines, les chevaux qui s’ébrouent

et les voix des enfants par la fenêtre ouverte.

Silence, écoute,

sois raisonnable laisse

sonner les clarines sans toi

ne t’en mêle pas, tais-toi, écoute

comme le monde se passe bien

de ta voix.

Le grand tilleul oscille un peu en silence offrant

perchoirs et cachettes aux passereaux

le ciel aussi se tait

que traverse une dernière corneille attardée

dont le crô-crô décroisse.

Tes cendres reposent sous les grands châtaigniers

repose, tais-toi, écoute comme

en ton absence on rit, on chante, on parle

on vit quand même

sans toi.

3 juillet 2015

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