Les joueurs d’échecs
Canicule encore. Le collégien tout seul dans la grande maison s’ennuie, et son père, enfermé dans la cave fraîche face à son clavier, son travail, son sacerdoce, s’ennuie aussi à sa façon, ou plus exactement (car l’ennui de l’adulte n’a rien à voir avec le véritable ennui dont la profondeur et l’intensité ne sont accessibles qu’à l’enfant ou à l’adolescent) cherche des échappatoires pour ne pas écrire, reprenant plutôt l’accordéon, le saxophone, ou classant des images. Une partie d’échecs sur la terrasse, dans la chaleur, auprès des chats, avec une théière pleine de cet excellent Sensha de Kyôto, mon dieu, ce serait bien, n’est-ce pas, et comme un rêve de Guyane, un retour en arrière ? – À ce moment Léo vient frapper à la porte et, sans se douter de l’immense contentement qu’apportent ses paroles, demande si j’accepterais de quitter ma grotte pour venir faire avec lui une partie d’échecs.