Vigie, juin 2019

 

 

 

Bellow shake

 

 

Vigiejuin201903

 

 

Pluie et grêle, brume et brouillard, gris clair et gris foncé, tonnerre et vacarme depuis deux jours alternent à la fenêtre de toit. Le chat Musique et son maître ne quittent plus la cabine des combles où les rumeurs du monde et de la maison ne leur parviennent que très atténuées – et c’est à peine si l’on entend fuser de l’étage du dessous les bellow shake obsédants d’ « Impasse », le morceau de Franck Angelis que travaille Léo. Le temps perdu s’entasse sans que le chat ne s’en inquiète ; puis de nouveau le tonnerre gronde, l’averse redouble et la musique se tend encore un peu plus. Ce grondement qui parvient presque à couvrir les notes saccadées de l’accordéon, c’est encore la grêle, que l’on regarde fouetter les fleurs fanées des lilas. À propos de fleurs, on voit aussi, en plongée dans le jardin, les iris dont on avait planté l’été dernier les rhizomes ramenés de Normandie, pour remplacer ceux qui étaient si beaux autrefois mais qui étaient devenus bien chétifs. L’iris, dit-on, symbolise le retour du beau temps, l’arc-en-ciel, la royauté ; ces nouveaux venus dont on admirait il y a peu l’éclatante beauté, sont à présent aussi secoués que le soufflet de l’accordéon.

 

 

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