Vigie, juin 2019

 

 

 

Concerts 3, 4, 5

 

 

Concertjuin19

 

 

De tous ces petits concerts de fin d’année qui sont autant de façons de faire le point, de tous ces moments de stress ou de plaisir qu’on enregistre scrupuleusement pour garder traces et rendre mieux perceptible l’inconcevable progression du temps, on ne retient souvent qu’une image, une sensation, un regard, une phrase – comme, par exemple, celle-ci, lancée avec un regard lourd de reproche par Clément juste après l’exécution du duo que nous avions préparé avec tant de sérieux et que nous jouions si bien, tous seuls, à la maison : « Papa, mais enfin pourquoi, pourquoi es-tu parti à toute berzingue ? » ; ou bien, quelque part dans un joli village de Maurienne où nous jouions face aux alpages sous un soleil inespéré, le goût des crêpes que les enfants et moi dévorâmes à belles dents, comme il se doit, un peu seuls, un peu perdus, mais rassérénés je crois par la musique, le soleil et le sucre ; ou encore, pour la dernière prestation de notre petit groupe à l’ombre de la médiathèque et des tilleuls, le soin mis à jouer les trois dernières notes du dernier morceau, après quoi je savais que le groupe, comme une classe de collégiens en juin se dissoudrait – le petit saxophoniste Simon de la première audition, devenu le grand jeune homme grâce auquel je conservais quelques chances de jouer en mesure, partant pour le lycée Vaugelas et sa classe à horaires aménagées pour les musiciens ; puis la surprise d’avoir à effectuer un rappel et, par conséquent, de pouvoir rejouer encore ces trois mêmes notes, avant que de repartir à la hâte, comme souvent, pour échapper à la tristesse des après, aux regrets qui nous traquent, au plus grand trac de l’après-trac…

 

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