Vigie, avril 2013

 

MANIÈRE DE DIRE OUI

 

Pardonne-moi de tant écrire
c’est juste
qu’en ce moment ou de tout temps
je respire mieux quand j’écris
c’est juste que je m’accorde mieux
au chant de fruit rouge
du rougegorge
juché sur le grand pin
c’est juste par connivence
avec le rougequeue
quand j’écris à la plume
sur ce carnet sans lignes
traçant ces signes —
l’heure
est chaque fois
plus grave et plus légère
et c’est comme
de suivre au loin la ligne tracée
par l’avion
dans ce ciel déjà d’été
c’est comme de partir
de voyager de s’agrandir
d’ouvrir grand ses bras pour étreindre
la taille de la Terre
le torse de la montagne
la nuque abandonnée de la vallée avec
ses habitants avec
la beauté de la brise
de tous les chants d’oiseaux
c’est manière de dire oui
à tout ce qui est
ce oui qu’on a tant de peine
à dire, à entendre
dans le silence sans plume
comme dans le bavardage —
un chardonneret
se perche sur le poirier
un rai de lumière verte
éclaire la tombe du chat
une voiture remonte l’allée
et Clément crie : « c’est maman ! » —
pour lui c’est aussi
une manière de dire oui.

15 avril 2013

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