Route, novembre 2012

 

  

 

BLANC

 

 

Blanc

ciel blanc

bascule

s’enfoncer dans ce brusque

changement de ton

dans ce blanc

ce ciel blanc

cette nappe

pas pour une fête

sapins dédoublés

chat blanc à l’affût dans le pré

chat blanc à l’affût dans le pré (un deuxième)

ce pré : une coupe à blanc

horloge blanche sur le clocher de l’église

panneau blanc

blanc

trou de mémoire

le ciel aussi a oublié

et la montagne

et le tronc courbé du bouleau

oublié

écrire sans encre

sur le ciel blanc

sur blanc

suivre les traits intermittents

les bandes blanches discontinues

qui mènent vers

pas la maison

mais tôt ou tard

au plus loin de la maison

et derrière les volets blancs

de la maison abandonnée

ou momentanément habitée

un homme au visage pâle

ne se souvient pas

un homme dont le visage pâle

s’efface comme le

blanc de l’écume

blanc de la citerne

signes blancs disposés au long de cette route blanche

pas neigeuse encore

ni couverte de givre

juste blanche

sans éclat

route d’absence

route sans rien

route du rien

au bout de laquelle

rien

trait blanc

mauvaise conscience

inconscience

aconscience

a

â

ah! ah! ah!

bouche bée

oh!

ah!

cris blancs

voix blanche

qui n’empêche pas le cri

panique blanche

sans fondement

sans raison

sans éclat

poème blanc

lanterne

blanc mat

pas du tout immaculé

bordé de montagnes et de nuages gris

la vieille femme au dos plié

de vieux bouleau blanc

peine à grimper les quatre marches

(c’est la même image que la semaine dernière

elle semble avoir passé ainsi la semaine

à mi-chemin entre la deuxième

et la troisième marche)

blanc

ciel blanc

changement

de tonalité

la silhouette sombre de la buse

au buste barré de blanc

sur ce fond blanc

changement

du tout au tout

du tout au rien

du rien au tout viendra peut-être

mais on n’en est certes pas encore là

pour le moment

seulement ce mouvement

comme un balancier

qui oscillerait dans un seul sens

une seule fois

un seul battement

un seul expire

suivi par nul inspire

blanc

un seul mot

une seule couleur qui n’en est pas une

mais les suppose et les rend possible

blanc

ciel blanc

contaminant ce qu’il recouvre

et le blanc ainsi s’immisce partout

jusqu’entre les lettres de ce poème sans encre

et dans la voix qui le profère

blanc

et l’on clame

blanc !

comme un coup de feu assourdi

pas une fulgurance

juste un craquement

perdu parmi les arbres nus

blanc

ce rien

finalement

pas même l’hiver

à peine présence

blanc

neutre

pas vide ouvert accueillant

juste blanc

ciel blanc froid

lignes blanches discontinues

bouleaux blancs

signe blanc

blanc

comme un battement de porte

refermée trop violemment

proche parent de vlan

et de lent

qui suppose cependant un effort

ahan

ahan

qui suppose

qui impose

qui s’impose

blanc

comme une mélopée

répétitive

un rythme pour rien donné

sur la partition blanche

rien que du blanc

pas même un soupir

et pas d’autre partition

que ces lignes électriques

découpées

sur le ciel blanc.

 

19 novembre 2012

 

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