Route, novembre 2012

 

 

 

L’OR EST DEVENU CUIVRE

 

 

Fin d’automne : l’or du bouleau est devenu cuivre.

Pour monter ses quatre marches, elle y met un temps fou, cette très vieille femme.

Le pelage ras luisant et brun des chèvres de montagne m’est un bienfait.

Châtaignier défait, et pourtant dans la lumière nul sentiment de désolation.

Le chat noir de l’allée, au même endroit qu’hier, se retourne et darde sur moi le feu de ses yeux jaunes.

Ce tronc coupé, comme un moignon de la terre ou un poème tronqué.

Dans la lumière de fin d’automne, on attend l’heure des informations. Mais l’information que pourraient délivrer ce ciel bleu (absolument sans nuage), ces couleurs cuivrées (persistantes, encore un peu rutilantes), ces envols de grives au long de la route, ce couple de pies posées sur la place du village, ces envols, ces affolements de geais, cette vallée, ce grand effondrement qui rappelle les routes de Guyane, quelle information me donnent-t-ils, me cachent-ils ? Et ce virage blanc, ces ornières creusées qui laissent apparaître la terre noire tout juste recouverte de feuilles, que me disent-ils ?

Toujours la même rengaine, la même histoire où il n’est question que du temps qu’il fait et du temps qui passe, et dont on cherche par tous les moyens à se distraire parce qu’on a peur, parce qu’on n’est pas à la hauteur de, parce que, parce que l’or du bouleau est devenu cuivre…

 

12 novembre 2012

 

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