SMS un soir d’été
à Élodie
Grillons du soir
clarines au loin
le geai qui tout à l’heure
criait tout comme un perroquet
(mais que je soupçonne
d’être un perroquet
qui se fait passer pour un geai)
s’est tu et le nant
continue plus fort
on entend aussi
le halètement du chien
quelques voix sporadiques
dans le hameau presque assoupi
et partout
le bourdonnement noir des hannetons
qui volent dans le ciel vide
comme de minuscules martinets affolés
c’est un moment parfait
de musicale paix
allongé sur la terrasse
en compagnie des bêtes et du monde
je lis L’espoir musicien
le dernier livre de poèmes d’Alain Lévêque
qui donne envie d’écrire à son tour, ou mieux
permet au lecteur de comprendre
que c’est le simple fait d’être là
de le dire, de le vivre
qui est un poème
dès lors que l’on aime
et que l’on est aimé
et je n’ai lors que deux regrets :
que nous n’ayons pu connaître ensemble
à cause des pluies de la semaine passée
pareil soir d’été
et que je sois pour écrire des poèmes d’amour
aussi maladroit hélas
que les hannetons pour voler
(ce dernier mot ajouté dans une autre fenêtre
après que la machine m’eut arrêté
parce que j’avais atteint parait-il
« le maximum de caractères autorisé »
et qu’un hanneton justement
eut percuté le livre bleu posé près de moi
troublant par sa chute
le sommeil des chats
et la grande paix du soir).