Vigie, septembre 2021

 

 

 

Ce qui finit, ce qui commence

 

 

 Vigiesept21 03

 

 

C’est une marche paisible par un de ces jours incertains où il est difficile de dire ce qui l’emporte entre la fin de quelque chose et le début d’autre chose : cela fluctue presque à chaque instant, selon la météo, selon les flux et reflux d’anxiété, selon le mouvement des souvenirs.

Hier j’ai fait une balade tropicale pendant laquelle je me suis bel et bien égaré. J’ai simplement voulu tourner pour aller voir du côté du Nant ce que c’était que cette retenue d’eau qu’on aperçoit depuis le chemin, puis tout est devenu étrange. Avec Élodie j’ai suivi les anciennes canalisations, nous avons discuté et tourné, tourné et discuté, et je me suis retrouvé de retour à la Martinette, totalement déboussolé. Je sais à quel point quelques pas de côté suffisent à provoquer ce genre de phénomène, mais ce fut cette fois si poussé que j’en reste étonné. L’air était si lourd qu’en remontant la haie d’impatientes je me suis vraiment cru en Guyane. J’ai constaté par ailleurs qu’au pont de la Provenchère d’importants travaux de pompage de l’eau du Gelon avaient commencé, ce qui va, je suppose, modifier le débit de la rivière.

À présent je vais un peu au hasard, je bifurque vers le champ aux ombres où Rimski et moi débusquions les renards il n’y a pas si longtemps. Odeur de thym et de bouse sèche, de coulemelle et de terre. Vent doux dans les châtaigniers dont les bogues vert tendre se balancent au-dessus de nos têtes. Je reste assis un long moment en haut du champ auprès de Rimski. De loin je vois venir un vieil homme que je reconnais et avec qui je parle du passé, du présent, de l’automne, de ce qui s’achève et de ce qui commence.

 

 

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