Vigie, septembre 2021

 

 

 

Orage de septembre

 

 

Vigiesept21 06

  

 

Il brama trois fois

puis on ne l’entendit plus

le cerf sous la pluie.

Buson

 

Toute la nuit l’orage tourne en grondant autour de la maison, éclairant de flashes violents le carré noir de la fenêtre de toit, transformant la maison en arche et les rêves en dérives.

Rentré tard dans la nuit du salon de Ferney, j’ai croisé de grands cerfs qui barraient le passage : ils doivent être bien trempés maintenant.

Assis en statue devant la porte vitrée, Rimski refuse catégoriquement de mettre une patte dehors. Il rentre se coucher aux pieds de Léo qui travaille à son bureau, pendant que crépite encore l’averse et gronde le tonnerre. Le chat Musique, roulé en boule devant la fenêtre entre une pile de linge et une autre de papiers à trier, s’enfonce dans une sieste de cent ans. La chatte Onça, elle, s’est pelotonnée sur la table d’à côté et semble méditer. Le cancer bave à nouveau, malgré l’opération d’avant-hier. Elle ne souffre pas encore.

(Hier dans la voiture on parlait de la mort. J’avoue, pour ma part, mon désarroi, mon affolement, ma panique par anticipation, dès lors qu’elle pointe le bout de son museau baveux – ce qu’elle fait toujours plus ou moins, de mille façons, si on y songe un peu…)

Je bois du thé à la santé de l’automne et celle des vivants – ou, comme disait Bashung juste avant de mourir : « Portez-vous bien ! »

 

 

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