Vigie, septembre 2021

 

 

 

Accueillir la pluie

 

 

Vigiesept21 09

 

  

Ciel blanc, petite pluie matinale. Rimski gémit parce qu’il a vu que j’avais mis mes bottes. Naturellement cela me touche car ma vieille chienne Patawa avait la même réaction, dont je suppose qu’elle est commune à tous les chiens que l’on promène en bottes ! Puis c’est le rituel du harnais, auquel il fait mine de se dérober on dirait seulement pour la forme, et l’on repart sous la bruine.

Tout à l’heure deux hommes sont venus abattre le petit érable qui poussait tout contre la maison voisine, et qu’on enjambe maintenant pour filer vers la forêt. Odeur de feuilles froissées et d’herbe coupée. Un chien aboie, la pluie crépite dans le feuillage des grands châtaigniers. La bruine se transforme en averse, ce qui achève de donner à cette balade matinale une tonalité d’automne. Bogues luisantes, noisettes éparses, paix précaire des derniers jours avant l’ouverture de la chasse. 

L’autre joue Élodie a pu observer longuement le jeu d’un groupe de jeunes sangliers, plus vraiment des marcassins, un seul avait encore quelques rayures. Ils ne l’ont pas vue et ont continué leurs espiègleries à quelques mètres d’elle, se poussant du groin deux par deux en silence. J’avoue que l’idée que l’on puisse sciemment tuer ces bêtes me consterne.

Route des Landaz, chemin du Rafour, la pluie redouble et il n’y a ici aucun arbre pour s’en protéger. Il n’y a plus qu’à accueillir la pluie (en évitant quand même de passer sous les gouttières, n’exagérons pas).

Petite percussion d’un bidon en métal oublié devant une grange.

Six vaches blanches couchées dans l’herbe trempée nous regardent passer.

Cri du geai. 

Un toboggan orange abandonné dans un jardin désert.

À couvert sous les noisetiers eux-mêmes recouverts par les grands châtaigniers, j’écoute la pluie qui tombe.

 

 

Ce contenu a été publié dans 2021. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.