Vigie, février 2022

 

 

 

Rêve du matin

 

 

Vigie022210

 

 

Je suis sur une île de glace. Il a fallu prendre une sorte de petit brise-glace pour arriver jusqu’ici. Je ne sais pas si c’est le pôle Nord ou le pôle Sud, il me semble qu’il est question à un moment donné des Féroé, du Groenland, de Kerguelen, mais c’est peut-être à titre de comparaison. Je marche tant bien que mal sur la glace bleue lisse comme un miroir. Il n’y a aucun humain, aucun oiseau, aucun animal, aucun son – même la mer est muette. Le paysage est d’une beauté effroyable. À l’horizon tout blanc je vois néanmoins une cabane aux volets bleus qui est manifestement habitée puisque de la fumée en sort, mais qui m’est inaccessible à pied : il faudrait reprendre le brise-glace. Je décide de revenir plus tard pour réaliser un documentaire consacré à l’île et aux gens qui manifestement y vivent encore.

 

L’étrave du bateau cette fois fend une eau libérée en grande partie de la glace. C’est la débâcle sur l’île, où je reviens en famille, avec ma mère. Vague image de préparatifs de départ dans une cabine du bateau ou une chambre d’hôtel. Des sacs qu’on fait et qu’on défait. Des sandwiches, du thé. Nous voici dans le même paysage qu’au début, mais cette fois c’est la débâcle. On marche dans l’eau glacée jusqu’à la petite cabane où nous attend une vieille dame que je décide d’interroger. Elle parle longuement de la vie dans l’île, je l’enregistre et je la filme et c’est d’autant plus triste à présent de n’avoir rien pu garder de notre entretien que ma mère aussi participe à la conversation, la questionne, et parfois leurs visages et leurs voix se superposent comme si c’était en fait ma mère qui était l’habitante unique de cette île glacée. Je revois encore très nettement cette toute petite maison bleue encore prise partiellement dans la glace, la grande table en bois, la cheminée, le visage et les mains de cette dame, le visage et les mains de ma mère lui parlant. Me parlant.

 

Au retour c’est moi qui conduis le bateau. Je suis pressé de rentrer, je ne veux pas faire le grand détour de l’aller alors j’effectue un interminable dérapage sur la glace, dont je suppose qu’il va se terminer par un choc violent sur la berge, mais qui me permet de continuer en emmenant le bateau sur la terre enneigée puis sur un sentier ruisselant qui débouche sur une autre partie du lac ou de la mer et me permet de rentrer en un quart d’heure alors qu’il avait fallu plusieurs heures à l’aller. Je garde un souvenir de ce retour sportif tout à fait vivifiant.

 

23/02

 

 

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