Vigie, mai 2013

 

SILENCE, CRÉPITEMENTS

 

Dernier dimanche de vacances, la pluie brouille à nouveau l’image du poirier à la fenêtre de toit et l’on peine à respirer.

On a creusé, réparé provisoirement le problème d’évacuation des eaux usées qui polluaient le jardin, puis refermé le trou et semé du gazon.

On s’est retrouvé ensemble de nouveau, avec quelque chose d’encore plus fragile qui nouait la gorge.

Clément a eu trois ans. Comme au jour de sa naissance la maladie en profite pour revenir pointer son sale nez de sorcière non invitée à la fête. Il n’y a pas de photographie de ma mère avec Clément le jour de sa naissance – il y en aura pour son troisième anniversaire. Mais les images intérieures se brouillent, comme sous une forte averse.

On manque d’air.

On ouvre la fenêtre et on scrute.

Silence et crépitements.

L’un dans l’autre on aura passé ainsi une bonne partie de son temps – peut-être la meilleure – dans ce silence crépitant, à crépiter soi-même, à gratter, à se taire.

5 mai 2013

 

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