Route, février 2013

 

 

LA PORTE DE BRUME

 

Route verglacée, le petit étang gelé, une très belle qualité de noir et blanc dans ce paysage matinal. À nouveau la vallée est perdue dans un brouillard très épais. Beau paysage de bel hiver lumineux.

Traversé cette nuit un pays étrange. Invité dans une sorte de château avec une grande loggia qui donnait sur la mer ou sur des canaux, un peu comme dans les palais vénitiens. Une des portes donnait sur un hôpital. Je rends visite dans l’une des chambres à Jean Vasca très malade, alité, amaigri, une jambe visiblement gangrénée et probablement perdue. Dans le lit d’à côté une autre malade, Barbara. Je suis les aléas de sa respiration sur une sorte d’appareil. J’assiste à son dernier souffle. Elle meurt sous mes yeux. Dans le rêve c’était un moment très poignant. Il ne reste rien de cette intensité dans les images et le souvenir que j’en ai maintenant, et que je ne souhaite pas recréer par quelques procédés artificiels et forcés.

Plutôt traverser ce paysage à nouveau hivernal et si froid. 

D’avoir cru un instant le printemps arrivé, on s’en trouve presque rassuré de retrouver la neige, le froid, les montagnes très nettes, le brouillard dans la combe. On regrettait de n’avoir pas su véritablement s’enfoncer dans l’hiver. Peut-être pourra-t-on habiter de manière plus satisfaisante, plus entière, ces lisières argentées. 

S’ouvre, au fond de la combe, la porte du brouillard. Un tout autre monde. Un monde qui ignore les sommets, les montagnes alentour. Un monde sans perspective. Un monde de buses silencieuses.

 

11 février 2013

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