ENTRE DEUX MURS DE NEIGE
Après plusieurs jours de très fortes chutes de neige pendant lesquelles on aura vraiment trop craint de sortir pour de bon de la route pour continuer les soliloques, je retrouve la pratique de ces paroles en l’air. Je roule entre deux murs de neige. Un chevreuil regarde la voiture venir sur lui avec un air absolument désemparé (c’est un tout jeune, la mère a dû traverser et l’attendre quelque part en contrebas) :
Petit chevreuil affolé
entre les hauts murs de neige
par où s’en aller ?
La neige comme la guerre (mais avec une violence incomparablement plus feutrée, quoique assez aigüe quand même pour les bêtes et les hommes sans toit). Sur la route mal dégagée d’énormes quantités de neige transforment la conduite en glissade (sensation, pas du tout agréable, de voir la conduite vous échapper ; le volant tremble et les jambes aussi tremblent un peu).
Une corneille sautille, esquisse une roulade puis déploie ses ailes comme pour jeter de la neige devant elle ou inviter au jeu.
En passant au village de la Chapelle du Bard, cette image, pleine de fraîcheur, de mon élève Marion occupée à pelleter, cheveux au vent, et riant aux éclats en compagnie de sa sœur.
La neige comme la guerre
nous mettait en vacances —
Marion pelletait en riant
L’élève en retard
marche à tout petit pas
sur le chemin enneigé.
Sept tableaux blancs
devant les élèves étonnés
d’être ici présents.
La neige tombe sur la neige
plus de montagne, plus de ciel
plus rien que la neige.
Qu’as-tu fait en classe aujourd’hui ?
J’ai regardé
tomber la neige.
14 février 2013