NEIGE ET BROUILLARD
J’aime laisser glisser le long du parebrise
les plaques disloquées de la neige amollie
qui me rappellent que ma vision n’est qu’un filtre
et mes mots un écran faussement transparent.
Traversant le brouillard je fais la mise au point
quelquefois sur la vitre (et la route s’efface)
plus souvent sur la route (et la vitre s’efface)
et n’use qu’à regret du navrant essuie-glace.
J’aime laisser la neige écrire au parebrise
mais j’aime plus encor cet instant où soudain
ses logogrammes clairs brouillés par la vitesse
repartent en flocons dans le rétroviseur
et laissent place nette au grand ru de la route,
rune à interpréter, poème sombre à suivre.
16 mars 2016