Route, mars 2016

 

 

 

POUR UN PRINTEMPS

 

Routemars201602

 

J’exècre

je redoute

je refuse

le banal en nos vies ordinaires

ces ankyloses de fin d’hiver

ces feintes ces voiles ces ruses

et ce brouillard en fond de cluse.

 

Je parle

contre l’opaque

contre l’usure

j’écris

pour un printemps

où la parole souveraine

referait battre les portes du vivant –

j’écris pour un printemps.

 

« Le printemps s’éveille à peine

arrête de crier, tu vas le faire fuir ! »

m’a murmuré le bois.

 

« Ne méprise pas le flou

c’est la réalité en laquelle tu baignes »

m’a conseillé la brume.

 

Et la route a renchéri : « Regarde

comme tout est ouaté

comme tout est ténu

la cane rejoint sans bruit son compagnon

dans le secret de la gouille

en contrebas tout est doux et voilé

le soleil rallume les façades

laisse venir la clarté

laisse venir… »

 

La corneille colérique 

a croassé cependant : 

« Tombe la grêle, claquent les becs

que ça grésille et que ça crève

crâk crâk crâk crâk

redoute l’inerte 

refuse l’opaque ! »

 

2 mars 2016

 

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