Journal des bois gravés

 

 

 

« AUX AFFAMÉS DE L’INFINI »

(épilogue)

ABG27

…Aux amis du fond de l’impasse
aux passagers du bout du cri,
aux fous béquillant leurs échasses
aux affamés de l’infini…

Jean Vasca

 

 

Des voix résonnent dans la ville, et l’on entend des rires, des verres qui tintent, un piano.

 

Fraternités à la fenêtre.

 

Des lampes brillent dans la nuit, et l’on voit partout des lueurs, la lune dans l’arbre qui vit. De cela on ne se lasse pas.

 

Le monde fraternel.

 

On ne s’habitue pas non plus à la douleur de l’autre, à la course du temps, à la marche de l’homme en ses égarements.

 

Fraternité des égarés.

 

On ne parle pas, on n’écrit pas, on ne grave pas : on échange des talismans. On partage en secret de puissants antidotes, pour lutter contre quoi, et de célestes nourritures pour quelle faim ?

 

Fraternité des affamés.

 

Sur le carnet, le bois gravé, dans le livre, on garde traces de ces heures. Élongeant autant qu’on le peut l’instant on prononce :

fraternité aux affamés, à ceux de notre race, frères de chant, musiciens, poètes, saltimbanques, amoureux des mots, des images, fraternité à eux –

et aux autres.

 

*

 

Puis plus tard encore, très tard dans la nuit, presque à l’aube du jour suivant on entend une voix qui dit cette prière, qu’on murmurera pour soi, pour la suite :

Give me the power
to devour
every hour 

prière pour tous les affamés.

 

 

Poitiers, 15 au 23 juillet 2017

 

 

 
© Lionel Seppoloni, tous droits réservés, et Jérôme Bouchard pour les reproductions de gravures, et d’encres pour « Leçons de bulles » et les deux personnages de « Rencontres improbables ».

 

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