Vigie, mars 2019

 

 

 

Écrit d’en haut

 

 

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L’écriture de la Cave creuse comme une taupe à travers les galeries de l’intime, y recherchant quand même le général qu’elle trouve, parfois, à force de se retourner la plume. Elle est souvent froide et sombre, hivernale, tendue, nerveuse, livrée à elle-même en d’interminables périodes qui tournent au radotage, tournent en rond, en spirale descendante. Elle est nocturne, au mieux crépusculaire, bien à l’abri de la lumière naturelle, protégée par ses murs, par ses barreaux, derrière lesquels elle tente de dire et redire une tristesse indépassable. Elle est le cri du manque.

 

L’écriture des Combles est tournée vers l’envol, happée par le passage des aigles et des avions dans le ciel des fenêtres, emportée spontanément vers les crêtes à chaque coup de vent par une exaltation matinale, juvénile, printanière, peut-être naïve. Elle est accueil, salut au monde, chant fraternel et solaire. Elle est volontiers ardente et claire, heureuse, livrée au dehors en cercles ascendants. Elle est de l’aube, du midi, du couchant, des pleines lunes et des étoiles aussi – elle n’aime les lampes que pour faire signe en direction des crêtes. Elle se déploie à perte de Vallée. Elle est comblée, sans doute, mais insatiable de l’être, à l’instar du soleil de mars qui chaque jour occupe davantage l’espace.

 

Un rouge-queue s’égosille à la cime de mon poirier ; je reviens aujourd’hui revivre et écrire dans mon grenier : à mon échelle infinitésimale cela vaut la migration des milans.

 

 

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