Printemps silencieux
Les mots que l’on écrit sont comme des oiseaux
empaillés, leurs couleurs ont terni, leurs cris
ne résonnent plus que dans la tête
de celui qui les lit
leur posture arrêtée ne fait plus
qu’imiter la vie, mais ce n’est de la vie
qu’un écho, un rappel, ce pourquoi
quelquefois on se tait. Pourtant
les mots que l’on retient sont comme des oiseaux
encagés, et voici que l’écrit
comme dans la chanson de Prévert
efface les barreaux de la cage
fait fondre l’hiver fait signe fait sens
et rappelle à la vie qui sans lui semble
(quand bien même au dehors mille oiseaux s’égosillent)
un printemps silencieux.
© Lionel Seppoloni, tous droits réservés.