Vigie, mars 2019

 

 

 

Tout change

 

 

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La neige sur les premières feuilles des lilas (petites flammèches vertes encore toutes tremblotantes) rappelle à la fragilité du printemps.

Il est touchant, ce moment où tout change, où tout semble si mouvant, si fragile, tendu vers un renouvellement qu’on espère, qu’on redoute, qu’on sent inéluctable (et cette sensation apaise).

Il est touchant, ce moment du retour des hirondelles, arrivées bien tôt cette année : on s’exclame en reconnaissant pour la première fois depuis des mois leurs silhouettes dans le ciel couvert ; de nouveau on se sent pris dans ce grand cycle qui nous relie, qui nous disloque aussi.

Il est touchant, ce moment où l’enfant, qui est de moins en moins un enfant, fait ses premiers pas dans son futur lycée, et l’on se projette avec lui dans un futur inouï où il mènera vaillamment son kayak entre les icebergs du monde.

Touchant encore l’instant où la vieille, très vieille chanteuse, soixante années de scène au compteur, apparaît une fois de plus devant le public ami qui l’attend, se lance, se trompe, se reprend, plus fragile, plus émouvante encore qu’autrefois.

Il est touchant, ce moment où l’on sent que tout change, que quelque chose de neuf émerge, et l’on n’est sûr de rien, on s’étonne que cela soit possible, on s’étonne et l’on tremble un peu d’impatience et de gratitude en regardant la neige tomber sur les toutes premières feuilles des lilas.

 

 

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