Vigie, octobre 2021

 

 

 

Bribes et brouhaha

 

 

octobre2021 11

 

 

Cette petite morsure sur la paume des mains, cette légère brûlure au fond de la gorge et dans les narines, il a fallu que je voie le petit nuage de vapeur sortir de la gueule de Rimski pour que je comprenne qu’elles étaient le fait du froid. Comme d’habitude je suis sorti en tee-shirt, et je le sens très bien (même si je suis d’ordinaire peu sensible au froid). Je marche plus vite en soliloquant de plus belle et pour rien, car un faux contact a perturbé tous les enregistrements du mois : lorsque, le moment venu, à la toute fin d’octobre, je veux me servir de ces notes pour ma « Vigie », je ne trouve plus que des bribes entrecoupées de longs passages où l’on n’entend que le brouhaha de mes bottes dans les feuilles.

Ce jour-là je me souviens que je fais un très grand tour à marche forcée, avec le sentiment que l’hiver a déjà pris possession du fond de la combe – mais que l’automne revient lorsque je remonte au village.

L’après-midi la beauté de l’automne est de nouveau si éclatante qu’on se dit que le vent dès demain va se lever et tout éteindre – même si l’ « été indien » peut aussi se prolonger jusqu’à la mi-novembre, ainsi qu’on l’observe de plus en plus ces dernières années. Le ciel uniformément bleu rehausse les couleurs chaudes de la forêt ou le rouge des amanites. Je traverse le champ aux vaches fraîchement rasé, ramassant les coulemelles en baguettes de tambour qu’on peut voir de très loin. Les chevreuils fourragent bruyamment dans le sous-bois, excitant le chien blanc qu’il me faut retenir des deux mains…

 

 

Ce contenu a été publié dans 2021. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.