Première neige
Le chien court à travers le pré blanc avec une joie qu’on dirait enfantine.
Les longues barques des feuilles des châtaigniers portent leurs chargements de neige ; les bogues sont des boules de Noël.
Odeurs d’eau de vie à la poire, de fumée, de pain d’épices, senties successivement sur quelques mètres à peine en traversant Les Landaz.
À huit cents mètres on flirte avec la limite pluie-neige, qui s’abaissera demain : à la Martinette le blanc éclatant de la première neige ne perdure que sur les feuilles des ronces.
L’hiver a serré son étau, tout se resserre.
Après la passerelle les fantômes des ronciers viennent à notre rencontre.
Le sentier boueux des hommes ouvre une saignée sale au cœur du monde blanc.
Puisse l’hiver venir vite à présent, et nous laver de nos peurs, de nos fatigues, de nos ombres, et tout laver.
26/11/21