Notes normandes (août 2016)

 

 

 

Le port (2)

 

Normandie07

 

La matinée durant j’écris le texte qui précède, toutes les gravures de Jérôme étalées sur la table : je réalise ce rêve d’écrire sur une terrasse dominant un port, pendant que les bateaux de pêche profitent de la marée montante et de l’ouverture de l’écluse pour repartir en mer et que Clément n’en finit plus de fouiller les flaques de la grève voisine, à la recherche des crabes, des anémones, des crevettes et des petits poissons scintillants qui l’émerveillent, qui nous émerveillent – tous ces trésors du littoral qui font qu’on oublie le temps et qu’on s’imagine déjà prolonger le séjour d’une nuit, d’une semaine, de dix ans, et venir habiter en ce port même dès qu’on pourra (n’avais-je pas rêvé un temps de venir faire mes études à Caen plutôt qu’à Lyon ?), dans dix ans, à la retraite, un peu avant, et on ouvrira chaque jour les volets sur ce paysage généreux qui donne, sans exiger l’épuisante contrepartie de l’effort montagnard, tous ces châtoiements, ces changements des lumières, des marées, et donne l’illusion qu’on pourrait vivre ici aussi insouciant qu’on l’a été jadis, sur cet autre littoral amazonien où l’on s’était fixé…

 

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