Le vieux puits
Ne sois pas abattu, toi, support du ciel
Parce qu’en bas le puits te parle :
vis dans ta profondeur !
Nikolaï Kantchev
Toute la nuit le rêveur redevenu solitaire, serré dans l’étau du silence et comme emmuré, tombe dans l’eau noire, tombe, remonte et retombe au fond du vieux puits dont on a ôté l’échelle.
Bien au fond ça racle entre les parois, ça accroche, ça gargouille à l’intérieur, ça renâcle, ça régurgite comme un ragoût de vieux rêves, ça ravale, ça prend aux tripes, ça coince au-dedans des murs comme en un boyau.
La solitude décisive que le discours n’atteint pas te rejette à terre – et même plus bas !
Pour unique réaction, cette reptation têtue. Pour seule pratique cette chute réitérée, monochrome au bout de laquelle ne s’embrase nulle braise, nul horizon, où la plume casse, où ça racle, où ça accroche, où ça se décroche, où ça dévisse, jusqu’au fond du puits – et même plus bas !
On n’y voit plus rien ici, mehr Licht, bitte, s’il vous plaît, cessez de rire por favor, cessez cette farce, remontez-moi, et rallumez !