À L’HEURE DITE
À l’heure dite
à l’heure proclamée
par tous les merles de la côte
et le fracas de la marée
au moment donné
neuf et nu comme un galet
aux premières lueurs enfin,
je traverse le village endormi
je marche sur la route
sur la grève
parmi les restes de la nuit
rêves, confusion de filets
bois flottés blancs et lisses comme des os
bouteilles bidons brosse godasse
mêlés aux œuvres de la nature
je passe je traverse ou
je me laisse traverser
par le parfum tiède des jardins
l’odeur obsédante du vieil océan
puis je viens m’échouer
sur un tronc blanc comme un os
aux premières loges
de la marée et de l’aube
je respire
au rythme irrégulier
de la marée et de l’aube
fracas
roulis
fracas
roulis
écume blancheet galets gris
blanc
gris
blanc
gris
l’horizon aussi
s’éclaire
le monde grandit
insensiblement cela s’amplifie
parfum
plus fort
du rose dans le gris
des vagues
moins vagues
à l’heure dite
au moment précis.
30 juillet 2013