Notes de Madère (été 2013)

 

 

 

 

JOUR TRANCHANT

Premier cri du coq

qui s’étrangle à la fenêtre

bien avant l’aube.

Un halo blanc bleu

aucun nuage

l’aube sur Funchal.

Le coq regarde à droite

regarde à gauche puis

s’étrangle !

Après beaucoup d’années

j’aurai quand même établi un lien

avec le coq ?

 

*

 

Le coq, lui au moins, par son cri se montre à la hauteur de l’aube (même si sa journée ne sera ensuite que hochement mécaniques de la tête pour picorer des graines, des insectes, des détritus sur ce maigre lopin de terre nue brûlée par les herbicides qui est son territoire).

Maintenant le jour est là. Qu’est-ce que tu vas faire de toute cette lumière, de tout ce luxe de vacances, de belle demeure, de beaux jardins ? Une volée de cloche salue encore l’irruption du soleil ; qu’est-ce que tu vas faire ? – Monter sur une chaise en fer forgé au dossier encadré de pointes pour photographier São João, s’y déchirer le pantalon ainsi que la fesse droite, est une manière comme une autre de commencer à faireà faire l’épreuve d’un jour tranchant…

 

*

Tranchante aussi l’arête de ce trottoir sur laquelle éclate le pneu de la voiture. On change la roue. C’est l’anicroche, le geste raté qui modifie la trajectoire, puis la lente dérive, les retrouvailles heureuses avec le Jardin Tropical de Monte. Les enfants auront, dans la mémoire de leur enfance, les images fragmentaires d’un très beau jardin perdu — autant dire d’un Paradis…

 

 

4 août 2013

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