Vigie, mai 2022

 

Pendant ce temps en face
(Élodie)

 

VigieSainteMarie01

 

Matin obscur. Quelques gouttes de pluie que l’on n’attendait pas percutent le sol et le tachent de points sombres qui ne suffisent pas à hydrater la terre trop sèche. Le ciel se plombe d’un gris d’orage, comme pour riposter contre cet été qui arrive si vite. Et puis, sans prévenir, les nuages se déchirent, laissant apparaître un large ciel bleu au-dessus des crêtes de Chartreuse. La lumière s’impose, le paysage sourit. Seuls quelques nuages résiduels, traînées floues pareilles à des souvenirs, témoignent encore des intempéries matinales.

Installée devant la mairie à l’ombre d’un tilleul, je profite de la douceur d’une brise légère. Une multitude d’oiseaux chante un concerto campagnard rythmé par les vocalises d’un coq et les percussions des haubans où sont hissés les drapeaux. Énigme physique que je n’ai pas encore résolue, la bannière européenne est souvent la plus prompte à se dérouler et à flotter en haut de son mât, face à la montagne. La cloche automatique sonne midi. Pas un être humain, pas une voiture sur la route.

Soudain, un chien hurle à la mort, qui semble un loup colonisateur cherchant sa place dans un pays autrefois domestiqué. Un cycliste passe comme un courant d’air, suivi de quatre autres, fesses en l’air et nez dans le guidon, tout de rose vêtus comme des flamants égarés fouillant de leur bec le sol goudronné.

Puis le calme revient.

Sainte-Marie-du-Mont, 16/05/22

 

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