Vigie, juillet 2023

 

La marche est meilleure au matin

 

 

La marche en été est meilleure au matin, juste après l’aube, en ce moment précieux qui permet d’apprécier mieux que tout autre la qualité de l’air, la fraîcheur et surtout les odeurs. Cela commence par des effluves de tilleul, de menthe et de vaches – puis quand on pénètre dans le petit bois au-dessus des Landaz, un fort parfum de salade qui monte au nez et se mélange aussitôt à des effluves animales (cela ne sent plus vraiment la vache car cette odeur-là semble plutôt composée de deux doigts d’excréments canins, trois doigts de sanglier, pas mal de musc de chevreuil, un rien de Samoyède…). On sent encore le miel et un parfum qui rappelle le goût de l’herbe qu’on mâche, puis c’est l’odeur camphrée mêlée d’urine de la haie de thuyas et, quand on entre dans le grand bois, celle farineuse des fougères et de quelques bolets qui me rappellent à la nécessité d’arpenter plus longuement que je ne le fais cette forêt pleine de trésors.

Cette promenade matinale est aussi plus riche en chants d’oiseaux et en possibles rencontres (l’affolement de Rimski frôle l’hystérie). On va plus vite, parce que le chien tire et que l’air frais n’offre aucune résistance (à dix heures il parait déjà trop épais). Rimski lape dans le torrent les premières lueurs du soleil qui commence à arriver jusqu’ici et qu’on retrouve en haut de la combe, ruisselant, débordant, triomphant, prêt à dévorer tout ce qui passe à portée de rayons.

 06/07/23

 

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