Souvenirs de scènes

 

 

Un soir boulevard des Capucines

(Pierre de Maere à l’Olympia)

 

 

Hanté par une cohorte de rêves rouges, d’obsessions bariolées et ces « voix du passé » qui ne se contentent pas de « sonner le glas » mais qui rendent le présent plus vivant, je reste d’ordinaire à l’abri des sollicitations urbaines, confiné prudemment en l’ermitage montagnard où m’a conduit ce refus absurde du temps qui fait les pyramides, les monastères, les romans circulaires, les asiles et les théâtres ; mais comme je ne suis encore ni momifié ni complètement fou, que mes velléités monastiques ont fait long feu, que l’écriture ne m’a pas non plus tout à fait enchaîné à ses boucles noires comme elle finira sans doute par le faire, comme enfin je garde bien chauds dans mon cœur mes souvenirs de scènes, je ne résiste pas longtemps à l’appel des sirènes, surtout lorsque les incarnent la voix et la figure d’un ange déguisé en chanteur (ou le contraire), et je m’en vais, je quitte ma réserve et mes montagnes, tant pis pour la peur, je prends mes billets de train et d’Olympia, réserve la chambre la moins chère et la plus proche de la salle, et c’est ainsi qu’à nouveau se déroule le film prévisible de la toujours folle échappée avec l’attente sur le quai de la gare de Pontcharra-sur-Bréda que parfume en mai l’odeur sucrée des ombelles, la stupeur d’être dans ce train qui traverse la combe baignée de lumière blanche, la curiosité qui se remet en branle à mesure que la très lente approche du TER en gare de Chambéry permet de faire l’inventaire de tout ce qui s’épanouit quand même comme beautés florales au fond des pires trous d’ombre, puis le plaisir stupéfiant qu’il y a à finalement prendre place dans ce TGV spacieux, parmi les vacanciers alors que je ne suis pas en vacances, passager clandestin de ma propre existence malgré le ticket bien en règle, car le fait est qu’à cette heure je ne devrais pas être en route pour Paris mais tourner en rond sur mon sentier habituel derrière la queue en panache de mon chien, au lieu de quoi je m’octroie ce spectacle des marronniers en fleurs au bord du lac sous le ciel dont le gris rehausse les verts pendant que le contrôleur débonnaire passe d’un passager à l’autre en chantant sa litanie de « bonjours » et de « s’il vous plaît », à son aise et surtout à son ordinaire, lui qui ne sait rien de l’extraordinaire qui me happe.

Se repose quand même la question de ce que je fais ici et surtout de ce que je vais aller faire là-bas, ce soir, à l’Olympia (je me répète ces mots avec presque autant d’incrédulité que si je devais moi-même m’y produire, par identification avec le jeune chanteur qui a plus de légitimité à s’en montrer stupéfait, car dès l’enfance je me suis toujours identifié aux chanteurs que j’allais voir sur scène, ressentant même physiquement tous les symptômes du trac au moment où montait la rumeur du public dans la salle qui se remplissait peu à peu – sans compter l’angoisse de ne la voir qu’à moitié pleine ainsi que cela arrivait trop souvent tant mes passions chansonnières d’alors restaient le plus souvent confidentielles, et j’ai conscience que le bonheur que j’ai à me mêler aujourd’hui à des foules venues acclamer des artistes moins marginaux est probablement une forme de réparation à ces traumatismes de jeunesse).

Je sais d’avance que pour beaucoup des Parisiens présents ce ne sera qu’un moment festif parmi  d’autres, mais je ne suis pas Parisien et je n’ai jamais eu le goût de la fête (encore que ce point nécessiterait de longs développements que j’épargne au lecteur éventuel). Tout à l’heure, en proie au stress du départ, je m’accusais d’avoir cédé à un caprice dont j’aurais pu me passer. Certes, je m’étais laissé emporter par le concert de Pierre de Maere à Annecy, j’avais déjà pris une place pour celui de Grenoble en décembre prochain, mais était-il nécessaire d’aller à l’Olympia ? Qui sait, d’ailleurs, ce que deviendra ce jeune homme de vingt ans acclamé aujourd’hui mais qui sera peut-être oublié comme bien d’autres avant la trentaine – il le sait et, forcément, le redoute ? Tout est si fragile, en ce monde flottant du music-hall…

Je me suis pourtant senti appelé par une nécessité et, au fond, je sais ce que je vais chercher là-bas, dans cet Olympia qui n’est même pas celui que j’ai connu puisque de la salle d’autrefois ne subsiste que la façade (et j’imagine que le rideau rouge que naguère j’ai frôlé, en me moquant moi-même de notre idolâtrie, « ah ! le rideau », si rideau il y a encore a été changé comme le reste). Je sais quelle chimère je poursuis et je sais que je ne la trouverai nulle part, en aucune façon – si ce n’est dans mes rêves ou mes livres. Je pars retrouver le souvenir de ma mère, je pars pour tenter de prolonger notre histoire comme j’en ai eu la sensation devant ce beau jeune homme virevoltant qui a su m’émouvoir, je pars pour mettre à l’épreuve un élan, pour vérifier une intuition, peut-être pour vivre encore les bribes d’un rêve en ces vies parallèles qu’offre le music-hall (« Laissez-vous rêver » proclame assez platement le slogan inscrit sur la vitre du TGV, et ces artistes ne font rien d’autre que nous vendre du rêve…). Je pars tout seul, aussi tout semble-t-il plus grave, plus sévère, un peu plus inquiétant aussi car il faudra bientôt affronter le métro, grimper les six étages d’un immeuble inconnu jusqu’à la mansarde louée pour la nuit près du boulevard des Capucines, la frénésie sans repères de la foule, le retour dans la nuit… Le temps et le train accélèrent. Un jeune homme à ma gauche s’empare d’un livre de Tolkien (c’est à croire que tous les jeunes hommes qui prennent le train lisent Tolkien) pendant que moi, je m’égare dans une rêverie, dans un roman de Paul Auster, dans les lignes du paysage, dans l’enchevêtrement des panneaux et des âges, entre deux gares, prochain arrêt l’Olympia.

Après avoir posé mon sac dans la chambre vraiment minuscule et assez sale je file dans la ville, salue le fantôme de Jacques devant le Grand Rex, gagne le boulevard des Italiens en slalomant entre les passants dans l’air que brouille un léger crachin. Soudain il me prend l’envie de courir, ce qui m’oblige à bondir pour éviter les touristes asiatiques qui me considèrent avec stupeur et que je salue de la main pour les rassurer (car un quidam qui court dans la rue inquiète, on l’imagine poursuivi par la police après quelque larcin). Me voici bientôt arrêté boulevard des Capucines, devant une colonne Morris affichant Le Menteur (de Corneille), à cet endroit précisément où, il y a neuf ans, après que j’eus formulé mon désir d’aller revoir la façade de l’Olympia, Josette avait avoué dans un souffle qu’elle n’avait plus la force d’avancer, et nous avions renoncé. Je pleure comme je pleurais. Moi-même aujourd’hui je ne peux plus avancer, et ce pour plusieurs heures, car des barrières ont été placées pour encadrer la foule qui fait déjà la queue, et me voici parqué en tête du deuxième enclos – je suis arrivé trop tard pour faire partie du premier convoi.

Je retrouve ici un public plaisant, courtois, cultivé, composé de gens aisés évidemment sinon ils ne pourraient s’offrir ces sortes de distractions. Il y a là des groupies qui savent tout de l’artiste et affichent en fond d’écran de leurs smartphone les selfies pris avec le chanteur enjôleur (que les femmes aiment les chanteurs « qui justement n’aiment pas les femmes » ne date pas d’aujourd’hui). Il y a des bénévoles du « fan club » qui distribuent un petit sachet avec des ballons rouges et blanc en forme de cœur à gonfler, et des instructions à lire à l’intérieur : « après la première partie, gonflez discrètement vos ballons, que vous agiterez quand commencera la chanson ‘‘Jour moins trois’’ », etc. Il y a près de moi un jeune éberlué au regard un peu ailleurs, je songe à Mathieu Amalric, qui tient sur un ton chantant et avec une articulation impeccable des propos candides sur tout ce qui se passe et tout ce qu’il ressent : désormais je reconnais sans peine les confrères du Spectre – car si celui-ci n’est pas autiste, je porte un autre nom que le mien et je ne suis pas en train de faire la queue pour aller voir Pierre de Maere.

Pierre, le voici justement qui sort à la rencontre du public, entouré de caméras, pour un long moment d’échanges et d’interview devant l’enseigne rouge où s’affiche son nom (« Si j’étais une vedette, dit une dame, je serais très simple et spontanée comme lui, j’irais au-devant des gens ! – Moi, je serais une star inaccessible, personne ne pourrait m’approcher autrement que par lettres ! »). J’imagine sans peine la fierté et l’émotion du jeune artiste devant ces lettres rouges qui font saigner mon cœur. Bien sûr je me revois au temps où c’était celui de Guidoni qui s’affichait ici, et je faisais la queue là-bas tout devant, grisé par le grand verre de vodka servi par Philippe au bar de l’Olympia, pendant que la queue (dans mon souvenir nullement encadrée) s’allongeait interminablement sur le boulevard.

L’attente cependant se prolonge et j’ai le temps de regarder passer les gens, ce que « j’adore » (Philippe Katerine ne fera pas la queue, lui, il entrera directement pour s’installer en place VIP sur le côté droit du balcon, juste au-dessus de la scène). Près de moi on parle de musique, d’expositions, d’architecture, d’articles à écrire, j’attrape au vol toutes ces bribes d’autres vies en écoutant si attentivement la conversation qu’il me faut me surveiller pour ne pas spontanément m’en mêler, ainsi que Josette aurait pu le faire car elle excellait dans cet art de l’écoute plus ou moins indiscrète.

La file s’allonge, en laquelle se mêlent les différentes composantes du public de l’artiste. Il y a les ordinaires, les effacés, habillés sans apprêt. Il y a les flamboyants, les exubérants, peu nombreux mais qu’on remarque à cause de leur maquillage ou de leurs vêtements plus ou moins m’as-tu-vu, « regardez-moi », « dans ma room il n’y a pas de lit, rien que des costumes cintrés hors de prix ». Arrive un très beau jeune homme androgyne, artificiel, vêtu d’une veste léopard, autour duquel gravite toute une cour de jeunes gens qui lui ressemblent mais sont moins beaux (un mannequin, sans doute). Passe le fantôme de Klaus Nomi en tenue de ville et puis, des couples de filles, des couples de garçons, un plus vieux que moi qui tient par la main d’un beaucoup plus jeune qui n’est en aucun cas son fils et qui semble accepter docilement cette sorte de soumission, on croirait vraiment que le gamin est tenu en laisse. Des visages juvéniles, naturels, souriants. Des familles, quelques enfants, beaucoup d’ados dont certains ont revêtu les tee-shirts à l’effigie de l’artiste. Je remarque que je suis probablement le seul à être venu seul, et, donc à rester dans cette position d’observateur muet que j’espère abandonner pendant le concert pour de nouveau me fondre à la foule, fantasme inaccessible en mon adolescence mais que je peux vivre aujourd’hui ! La peur cependant me taraude de rester à distance, de ne pas arriver à entrer dans la danse du moment, ce qui rendrait ce coûteux déplacement vain et triste…

18h30, les portes s’ouvrent. Si le hall est resté inchangé il faut désormais traverser un très long corridor « en entonnoir » pour parvenir jusqu’à la nouvelle salle. On le parcourt à grands pas, « sans courir » comme l’ordonnent les gens de la sécurité, et je vais me placer devant la scène, au centre, deuxième rang, juste derrière les vraies groupies en tenue d’ange (avec les ailes et l’auréole) ou portant une veste sur laquelle une dédicace de l’artiste a été cousue en noir sur fond blanc, place privilégiée que j’abandonnerai cependant à mesure que se densifiera la foule pour le contenter d’un honnête quatrième rang, peu importe, je suis et serai bien dedans, ce qui limite les risques de la distance.

La distance, à dire vrai, manque un peu, entre les gens, il faut endurer cette proximité physique qui me gêne, ce mélange d’odeurs de sueur et d’eaux de toilettes à donner la nausée. Je respire, je prends sur moi. Autour de moi il n’y a d’abord que des garçons, ce qui me met un peu mal à l’aise. Assis par terre un quidam est en train de méditer, et un autre plus loin également, certainement des adeptes de Fabrice Midal, que je considère avec étonnement comme si je n’en avais pas été moi-même autrefois. À l’arrivée de Katerine des gens dans le public se mettent à scander son prénom, ce qui l’amuse beaucoup, mais les deux jeunes femmes devant moi ne le connaissent pas, pas même le tube « Luxor » que leur chante l’ami qui est avec elles mais qui est déjà trop ancien pour elles. C’est ainsi, comme le temps passe, et comme sont éphémères ces gloires du music-hall…

À ma gauche voici Xavier, le frère de Pierre qui s’occupe du son et lui ressemble comme un frère, et sa mère qui semble fort émue (« ma mère et la grand-mère sanglotant au balcon », chantait Jean…). Plus tard je me retrouverai juste à ses côtés, heureux de son bonheur…

La première partie est assumée par Ojos, un duo électrique (Élodie Charmensat, qui accompagne Pierre de Maere aux claviers, et Hadrien Perretant) qui évoque les Rita Mitsouko. Je découvre la jeune Élodie en chanteuse punk latino pleine de fougue. Chose rare, le public, attentif, leur réserve un très bel accueil, il se passe quelque chose vraiment avec ces deux-là qui nous emmènent sans peine dans leur monde onirique. Même sans toujours bien comprendre les paroles, on se laisse emporter, et charmer par ce naturel qui les fait changer le programme en cours de route, quitte à déborder quelque peu sur l’horaire… Cela augure bien de la suite.

L’entracte permet un autre rapprochement entre les gens, car chacun cette fois est occupé à gonfler les ballons distribués à l’entrée. Comme il est difficile de faire le nœud, que certains éclatent en faisant peur aux plus sensibles (il y en a beaucoup dans la salle), on s’entraide, on s’amuse, on se parle, même moi maintenant je parle, ce qui rend plus supportable la promiscuité de la fosse. Je constate que c’est, avec Thiéfaine au Zénith de Dijon et Arthur H à la Belle électrique de Grenoble, ma troisième expérience de fosse en peu de temps, et que malgré tout je m’y fais (même si je n’aime pas cela préférerais une place assise, comme celle que j’occupais au premier rang pour l’Olympia de Jean).

Tout est prêt maintenant, on est mentalement prêt à accueillir l’artiste. Le rideau rouge (puisque rideau rouge il y a encore) s’ouvre sur un beau tableau avec, au premier plan, les trois musiciens qui accompagnent Pierre de Maere et, en arrière-plan, un escalier de music-hall qui descend symétriquement de chaque côté de la scène au centre de laquelle est disposée une estrade surélevée sur laquelle le chanteur pourra se pavaner (ainsi qu’il le dira). Clameurs, sifflets – oh, ce n’est pas, ce ne peut pas être la longue et si touchante ovation qui accueillit Jean le 21 mai, car celle-ci célébrait dix années d’un compagnonnage tellement hors du commun alors qu’on salue ici les débuts flamboyants d’un encore tout jeune homme, mais c’est tout de même un moment de grande joie communicative. L’entrée en scène est spectaculaire à souhait mais, à l’image de tout le spectacle, offre un parfait équilibre entre sophistication et spontanéité, professionnalisme et candeur. À l’Olympia comme sur la petite scène d’Annecy, Pierre de Maere ne se prend pas trop au sérieux, ou bien funambule entre le sérieux et la légèreté, le premier et le second degré, la candeur et le cabotinage, avec ce sens de la rupture de ton et cette élégance qui m’avaient déjà séduit la dernière fois et le font tout autant ce soir. Lui qui prétend ne pas être un vocaliste mais un humoriste de mode (à peu près), assume aussi bien les dites vocalises que les ratages éventuels (il y en aura peu ce soir, la voix en live est mieux maîtrisée malgré une tendance à l’essoufflement).

Parfois il fait rire aux éclats – son compère Katerine là-haut se fend la poire… – quand, par exemple, après une salve de compliments aux « daronnes » de son public qui projettent sur lui le fils qu’elles n’ont pas eu, il annonce le titre « Menteur »; parfois il émeut fort, quand il évoque l’artiste que personne ne regarde, ou la guerre dans « Les oiseaux » ; toujours il déchaîne l’enthousiasme d’une salle acquise, qui chante en chœur avec lui « Enfant de », le tube aux anges ou « Lolita » (une semaine plus tard moi-même je vocalise encore à tout bout de chant qu’« il fera beau… »).

J’aime en lui le gosse inquiet de ses audaces qui saute sur le bord de la scène ou le piano en s’étonnant de ne pas se casser la figure, ou se jette dans la foule pour une périlleuse séance de « slam » à laquelle il semble aussi peu habitué que son public (« ouf… je l’ai fait !… j’ai remarqué que mon public n’a pas trop l’habitude du slam, j’ai bien failli me fracasser le crâne plusieurs fois et certains ont bien profité de mes fesses !… »).

Après ce slam qui a quelque peu brassé le public, me voici près de la mère de l’artiste, qui pendant les présentations lance à son fils le nom d’un quidam qu’elle craint de voir oublier et s’attire un commentaire faussement courroucé qui la plonge dans l’hilarité et l’embarras le plus touchant… J’aime cette réactivité, cette attention vive et manifestement spontanée pour les gens (« La vie est toujours belle ? Je voudrais qu’elle vous soit rendue belle… »), et cette façon qu’a Pierre de Maere de les regarder vraiment, de s’étonner gentiment des larmes d’une spectatrice (« Oh, j’en vois qui pleurent, mais c’est de joie, sans doute…  Je t’aime, Léa, merci ! »), de ménager aussi des silences qui permettent de s’entendre.  J’aime sa façon de commencer « Ta mère est folle » dans l’intimité du piano-voix pour théâtralement l’agrandir en un beau duo voix-trompette occupant tout l’espace (je pense que c’est Barbara qui, la première, a compris à quel point le fait de chanter au piano puis de se lever à un certain moment de la chanson pouvait transporter le public), voire de chanter debout sur le piano comme le faisait Higelin sur le bis de « Lolita ».

Des explosions de confettis ponctuent ce qui devient finalement une vraie fête, une fête même pour moi et à laquelle je peux participer, je sortirai de là avec la voix cassée…

Lorsque résonnent les dernières notes de « Mercredi » on croit fort aux fantômes et en ce lieu et en ce décor où l’on s’est senti si bien, en leur compagnie – et l’on se dit que l’on y reviendra demain, tant qu’on peut, même serré debout des heures durant s’il le faut puisque, de toute façon, les fantômes sont chez eux dans les fosses…

Je suis comblé, mais saturé de sensations. Je décide alors – ce sera l’unique erreur de l’escapade – de quitter l’Olympia pour rejoindre immédiatement ma mansarde, laissant derrière moi la queue de ceux qui attendent pour saluer l’artiste. Bien sûr, j’aurais dû rester, envoyant promener ma crainte d’importuner l’homme de scène que j’imagine tellement épuisé, ne serait-ce que pour regarder encore tous ces gens et ce lieu. Je pars, cependant, très vite, très seul, dans la nuit parisienne ; mon salut ultime je le fais, comme toujours et à ma guide, ici même, par écrit.

 

Paris, 12 mai / La Table, 21 mai 2023

 

 

© Lionel Seppoloni, tous droits réservés.

 

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