Vigie, juillet 2012

 

 

 

UN MOT DE LA PIE

 

 

Cime grise

sur fond de pluie

à peine un souffle et

cachée dans le vert pâle du poirier

la pie clame quelque chose comme

krrrrrrrrrr  krrrrrrrrrr 

 

La volonté ne peut rien

ne contre rien

ne dévoile rien.

 

Si de la montagne tu ne vois plus

qu’une masse opaque

si s’émousse si facilement ta vigilance

vieille lame restée à rouiller sur l’établi

molle lame qui se brise sur la grève

dans le fracas sourd

d’une vieille colère

si ta confiance pour un rien se fissure

seul 

l’inattendu 

d’une bourrasque

(dont le cri de la pie est peut-être 

un signe avant-coureur)

remettra en beau désordre 

l’ordre morne du monde.

 

En attendant prépare le terrain

mot après mot

ligne après ligne

brindille après brindille

suis le mouvement

de l’attente 

du silence

des clameurs 

des nourrissages d’oiseaux

des nuages qui s’amassent

rentre les chaises, la table, le livre

en attendant

la prochaine bourrasque.

 

1er juillet 2012

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