Vigie, juillet 2012

 

 

 

 

À L’ŒUVRE !

 

 

1.

 

Quand je dis fleur

est-ce que tu vois la fleur

non une idée de fleur, l’« absente de tout bouquet »

ou quelque silhouette vague que le nom

te dispense de regarder

mais cette fleur-là posée près de toi

rose coupée dans le vase

scabieuse des prés de ton enfance

ou petite pensée qui perce entre les dalles ?

 

Si, quand je dis « fleur »

les contours de la fleur qui est là devant toi

se font plus nets

si quelque chose comme une fleur intérieure

ouvre en toi sa corolle

alors, oui, tu es à l’œuvre.

 

 

2.

 

Est-ce que la perte

l’idée de perte, le moindre de ses signes avant-coureurs 

t’inquiète au point de te faire fuir

dans la première distraction venue

est-ce que tout ton être se tend

est-ce que tu te sens aveuglé

hébété

diminué

ou bien est-ce que tout soudain t’apparaît comme 

plus vif

plus âpre

plus urgent plus intense plus nécessaire

au point même de te faire quitter le texte que tu écris

le livre que tu lis

parce que ton enfant te réclame pour jouer 

et que rien n’est plus important ?

 

Si tu laisses là ton ouvrage

alors, oui, tu es à l’œuvre.

 

 

5 juillet 2012 

Ce contenu a été publié dans 2012. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.