Vigie, juillet 2012

 

 

 

 

LITURGIE NOCTURNE

 

 

 

1.

 

Puis soudain la nuit résonne

d’une étrange liturgie 

oraison secrète qui monte

en la crypte du cœur

en l’autel du lit

en la chapelle de la chambre

en l’église de la maison

et se mêle aux bruits du monde.

 

 

2.

 

Les villages dorment

la lampe et les lucioles luisent

dans les pupilles de la hulotte 

dont le vol feutré effleure 

les dormeurs abandonnés 

au monde mouvant qui les porte 

(et l’on est pris soi-même

d’un très doux vertige).

 

 

3.

 

Qui chante à cette heure ? 

qui s’est levé ?

qui tient la lampe allumée et chante ?

 

 

4.

 

À flanc de falaise

ayant quitté la

cellule du sommeil

que frappait le vent

suis sorti me suis hissé

nuage invisible je

passe

le long du disque invisible

de la nouvelle lune

guettant les lueurs

guettant — sentez-vous dans vos songes

à quel point quelqu’un vous guette

entendez-vous le murmure

de celui-là qui vous guette

qui vous veille et qui vous parle

depuis les falaises ?

 

 

5.

 

Pour ces corps chauds qui reposent

dans le creux des lits

pour ces enfants qui feront 

se relever bientôt le soleil 

pour la chanson des grillons 

en ces nuits d’été

pour la course épique de la

Terre qui bascule 

pour ce geste naturel 

de tendre la main

à qui tend la main

pour l’instant où le mourant

entrevoit le jour 

constate qu’il est en vie

et naïvement se réjouit —

il nous faut chanter merci.

 

 

24-26 juillet 2012  

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