Vigie, juillet 2012

 

 

 

  

DES PHOTOS DE VACANCES

 

 

 

Ces photos de vacances 

ceux qui les ont prises sans doute

cherchaient une preuve

de ce qu’ils avaient bien été là

sur telle rive tel front de mer 

ou au perron de telle église —

mais la preuve semble douteuse

jaunie, tremblée, gondolée

pas même propre à raviver

une vaine nostalgie.

 

Parfois pourtant ces images 

font frémir encore

les ramures du souvenir

et ravivent les couleurs 

d’autres images

guère moins figées

que celles des songes —

c’est en leur clair-obscur qu’il faudrait

scruter sculpter libérer

ce peu de vie en elles retenu

qui palpite encore.

 

On ne peut pas 

on est pris d’une paresse  

d’une ankylose d’un dégoût

comme d’un mauvais sort

(ainsi le roi Arthur 

après avoir reçu l’humiliation 

d’une coupe de vin jetée au visage 

resta pétrifié).

 

Peut-être on a peur de s’enliser

dans le sable des images

et l’on a beau savoir qu’un tel abandon

reste la meilleure façon d’échapper

à l’irréalité ordinaire

on résiste

on se dégage

on reste comme au bord d’un gouffre 

au bord des images.

 

Les Vellats, 14 juillet 2012 

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