DES PHOTOS DE VACANCES
Ces photos de vacances
ceux qui les ont prises sans doute
cherchaient une preuve
de ce qu’ils avaient bien été là
sur telle rive tel front de mer
ou au perron de telle église —
mais la preuve semble douteuse
jaunie, tremblée, gondolée
pas même propre à raviver
une vaine nostalgie.
Parfois pourtant ces images
font frémir encore
les ramures du souvenir
et ravivent les couleurs
d’autres images
guère moins figées
que celles des songes —
c’est en leur clair-obscur qu’il faudrait
scruter sculpter libérer
ce peu de vie en elles retenu
qui palpite encore.
On ne peut pas
on est pris d’une paresse
d’une ankylose d’un dégoût
comme d’un mauvais sort
(ainsi le roi Arthur
après avoir reçu l’humiliation
d’une coupe de vin jetée au visage
resta pétrifié).
Peut-être on a peur de s’enliser
dans le sable des images
et l’on a beau savoir qu’un tel abandon
reste la meilleure façon d’échapper
à l’irréalité ordinaire
on résiste
on se dégage
on reste comme au bord d’un gouffre
au bord des images.
Les Vellats, 14 juillet 2012