Ces signes tendus vers… (Lascaux IV)
Un sentiment de danse de l’esprit nous soulève devant ces œuvres où la beauté émane de mouvements fiévreux : ce qui s’impose à nous devant elles est la libre communication de l’être et du monde.
Georges Bataille, Lascaux.
L’homme se glisse
dans la peau de la grotte animale
les chevaux
lui montrent un chemin.
Au bout du boyau
(au fond de ce puits
qui n’est pas un puits)
il
tombe
(mais ce pauvre graffiti qui le figure
semble plutôt flotter)
face au bison blessé qui le charge
(ou simplement se retourne sur sa blessure
qu’il considère avec cette stupeur
qu’hommes et bêtes ont en partage
devant l’innommable).
L’homme − ce griffonnage enfantin
à tête d’oiseau
a planté là un bâton
à tête d’oiseau
bras ouverts
tête renversée
sexe dressé
il
part
en
flèche.
Ce signe au-devant du taureau
est-ce le mouvement du taureau ?
l’homme défiant le taureau
ou le déifiant ?
Pourquoi le cheval retourné
barre-t-il le retour
aux autres chevaux ?
Les signes demeurent
conservés là par miracle
nous rappelant quoi ?
appelant à quoi ?
Sur la paroi portative du carnet
dans les nervures du bois qu’entaille le couteau
l’homme longtemps après
trace encore
ces signes
tendus
vers