Pariétales

Cap-Blanc

 

 

Toutes les traditions ont une dimension publique et cachée, ésotérique et exotérique. L’art pariétal peut être lui aussi secret, caché au fond des grottes, ou public, offert quotidiennement à tous les regards, comme c’est le cas à l’abri de Cap-Blanc qui, tout maculé de rouge, devait permettre aux chasseurs de toute la vallée de voir de loin l’extraordinaire fresque qui y a été sculptée.

De gauche à droite on suit la procession des chevaux, avec quelques bizarreries dans la disposition ; puis on arrive aux bisons, et l’on relit l’ensemble de droite à gauche, car la fresque des chevaux a été sculptée à partir d’une fresque des bisons qu’elle masque en partie, ce qui explique les bizarreries : changement de civilisation, d’esthétique, de clan, de motif ? Volonté de mettre une fois de plus en scène la métamorphose, le passage ?

Celle qui a été enterrée ici aurait peut-être pu le dire : ne sommes-nous pas dans son tombeau, en cet étrange abri qui fut à la fois lieu de vie, lieu d’art et sépulcre ? Elle était âgée, dit-on, d’une trentaine d’années, et contemporaine de ces fresques au pied desquelles elle a été enterrée avec soin, sans ornements ni bijoux. Cette procession est-elle son œuvre ? son rêve ? un hommage, un souvenir ?

Art pour vivre et mourir, art fait pour être vu et pour se souvenir, art encore et toujours pour s’interroger.

 

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