Pariétales

 

 

Le guet, l’oubli (Grotte du Sorcier, Saint-Cirq)

 

 

Vent tiède sur la falaise : en compagnie d’une mascarade de sorcier, on guette.

Ici on a guetté la vallée des millénaires durant — ici où il n’y a plus d’ennemi visible mais où l’on guette encore, par intermittence, où l’on guette malgré soi, où quelque chose en soi s’obstine à guetter.

À l’intérieur de la cavité, tout au fond du boyau par où on rampait (par où il faudrait pouvoir ramper vraiment) — le Sorcier au gros ventre, au gros phallus et aux bras courts sourit, narquois. Ainsi plié en avant depuis dix-sept mille ans, il paraît poursuivre une proie ou mimer la démarche d’un marsupial. On dirait un enfant qui joue à faire peur. Le visage, sculpté de trois quarts, ne manque ni de finesse, ni d’insolence.

Au sortir de la grotte, on se sent revenu à l’état de brouillon, spectateur découragé de tout ce qui lui semble refusé, relégué à jamais dans les caves de l’oubli.

Où aller ?

Où réapprendre à ramper, à danser ?

Comment la faire pour de bon, cette expérience à laquelle les grottes nous invitent ?

Où sont les anges, les démons, les sorciers ?

 

 

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