Pariétales

Au Château faible (Castelnau)

 

 

 L’homme a un besoin méconnu. Il a besoin de faiblesse.

                                                                                       Henri Michaux

 

 

Odeur de frites et de sueur, brouhaha multilingue des cohortes de touristes lancées à l’assaut du donjon, avides de contempler arbalètes, épées, fléaux et toutes les manières médiévales d’estourbir son prochain – dieu pourtant que j’ai aimé la littérature médiévale, et comme cela me navre de ne percevoir aucun écho de cet amour en ce lieu !

Après la grande paix pariétale et ses mystères, c’est le retour à la barbarie de l’époque. On scribouille en prose pesante dans cette odeur de frites et de sueur : tomber de l’escalier (ainsi que spectaculairement l’a fait ma mère, tout à l’heure, parmi les buis de Marqueyssac), se blesser ou, mieux, rester coincé dans la grotte, tout eût été préférable à ça.

L’acharnement à bâtir des défenses toujours plus massives, à forger des armures toujours plus épaisses, à mettre en œuvre des stratégies toujours plus complexes que l’adversaire finit toujours par déjouer (car sept fois le château fut pris) évoque Le Terrier de Kafka ou l’entêtement de l’enfant devant son château de sable — mais c’est sans haine que l’enfant laisse la vague ruiner son rêve : en ce sens il peut bien (et l’homme paléolithique avec lui) regarder de haut le seigneur de ce château, qui n’ose s’avouer château faible.

  

Ce contenu a été publié dans Archives. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.